Dans le taiji, nous préférons le ralentissement à l’accélération.

Car c’est par le ralentissement que l’on acquiert la conscience du mouvement. Et cette conscience va nous permettre d’être présent dans notre geste. Habiter le geste c’est ce qui permet d’agir véritablement, et non plus de seulement réagir. L’action opérée dans une attention complète est une expérience optimale du flux de vie qui nous baigne, une pratique qui nous disjoint du temps linéaire et de nos soucis quotidiens.

Un pas de côté pour se retrouver.

Notre psychisme est intimement lié au corps. La plupart de nos mouvements sont stéréotypés, automatisés, afin que notre conscience soit libre de vaquer à ses occupations quotidiennes. Or nous accumulons dans le corps des tensions qui finissent par saturer le système nerveux.

Le fait de ralentir simplement nos gestes et d’y porter attention procure une grande détente et la sensation d’exister dans notre corps et pas seulement dans notre tête.

La lenteur, le silence constituent des informations, décalées du désordre et de la confusion du monde. Ressentir le mouvement en soi en observant ses sensations internes permet à l’intériorité d’exister dans la conscience du mouvement.

Et être ensemble.

La présence et l’unité intérieure améliorent de façon visible la relation aux autres. Être uni à l’intérieur tout en étant avec, à l’extérieur, sans discrimination. Dans les tests, dans le Tui Shu, dans la relation martiale, les pratiquants se comportent ensemble non pas comme des entités séparées et adverses, s’opposant l’une à l’autre, mais comme des participants à un mouvement commun.

Le Tai Chi Chuan permet en effet de se respecter soi tout en étant en contact réel avec le monde, l’altérité.

Il est l’art de ressentir son propre mouvement de vie au présent et de ressentir que la vie est Une.

« Celui qui poursuit patiemment voit la réussite venir d’elle-même. »

Lou Yan, 2017.